Folie avérée

La folie avérée chez le chat ? ça existe ?

Et oui, cela existe, bien qu’elle fasse partie des nouvelles pathologies du chat : elle représente environ 2 pour 1000 chats.

Dans la nature, un tel chat ne survivrait pas. Il y a 50 ans, quand les humains laissaient les chats se débrouiller avec leurs petits, la sélection se faisait naturellement : les chattes repoussaient les chatons « atypiques » de la portée. Parfois, elle laisse grandir pour sacrifier le chaton au moment du sevrage, afin de servir de leçon aux autres. Mais à présent, on fait « vivre » tous les chatons : une chatte ne veut pas allaiter un petit ? On se jette sur le biberon, le lait maternisé, et hop ! On se retrouve avec certains chats malades par la suite et parfois des cas plus sévères, voir dangereux pour les humains.

Le 1er cas que j’ai rencontré avait lacéré une personne handicapée en fauteuil pendant que sa fille faisait les courses, en rentrant la maman avait un œil crevé la poitrine lacérée et le visage en lambeaux… La fille ne voulait pas euthanasier cette petite chatte de 3 ans si gentille et câline. Elle ne s’entend pas avec les 4 autres chats de la maison, elle est toujours isolée du groupe, les autres crachent et griffent quand elle approche, la pauvre petite fait peine… Mais parfois, elle perd la raison, saute sur tout ce qui bouge et rentre dans une sorte de transe. Ce jour là, le fauteuil de la maman a bougé, la chatte étant dans cette sorte de transe, s’est sentie attaquée et elle a sauté sur le fauteuil dévisageant la pauvre femme. Les 5 fois précédentes, c’était la fille de 40 ans qui avait subit les assauts de la minette. Aucun traitement, la seule issue est l’euthanasie ; il serait irresponsable de placer un tel chat s’il tombait dans un foyer avec enfants ce serait une catastrophe. Elle a du finir par la faire endormir, les attaques occasionnelles dans un premier temps, devenaient quasi hebdomadaires.

Le 2eme cas rencontré : encore une chatte de 3 ans. Elevée au biberon, elle a toujours griffée et mordue. Depuis 2 ans environ elle attaque la dame ; elle semble dans le vague et là au moindre bruit, elle attaque. Le mari arrive à calmer la minette avec la voix, sa femme a eu droit à 3 séances de points de sutures en 2 ans. Et 4 fois, elle a pu se soigner elle-même.

Mais là, un bébé arrive, et le refus d’euthanasie se trouve remis en cause. Les maîtres décident d’attendre pour lui laisser une chance. 3 semaines plus tard, appel téléphonique, madame enceinte de 4 mois vient de faire une chute suite à l’attaque de la chatte, les bras lacérés, en rentrant des urgences, monsieur a décidé, il a emporté la minette chez le vétérinaire, il a eu très peur pour sa femme et a imaginé le pire avec son bébé à naître.

On ne sait pas grand-chose sur le développement de cette folie, vraisemblablement pas héréditaire. Le chat reste des heures à fixer le vague, sursaute facilement et fait des crises d’agressivité qui durent plusieurs heures voir jours, avec une attaque sur humain ou autre animal de la maison, souvent le même sujet à chaque attaque.

C’est un chat qui ne s’intègre pas avec les autres chats de la maison ou du quartier, toujours à l’écart, les autres le fuient ou le chassent. Si on a l’occasion de voir plusieurs chats face au chat atteint de cette pathologie, on notera qu’ils ne l’affrontent jamais seuls, mais au moins à 2, sinon, ils fuient : en effet, le chat fou n’a aucun code aucun repère, et ne sera pas loyal lors d’une bagarre les autres le sentent et ne supportant pas que des règles établies soient bafouées préfèreront partir que de raisonner l’irraisonnable !

Dans une étude faite il y a plus de 10 ans par des vétérinaires, ils parlent de chats « déconnectés », le mot est juste ces chats n’ont aucune valeur, aucun respect, ils vivent dans leur monde, leur bulle, et si la réalité revient à eux, ils attaquent…

Ils balancent la tête en marchant, tournant en rond comme un lion en cage, miaulant ou feulant.

Ils ont aussi tendance à chasser leur queue, ou des proies imaginaires pendant des heures.

Ils se replient sur eux même devenant apathiques le regard « ailleurs ».

Boulimiques ou anorexiques, buvant beaucoup ou pas assez ; on peut constater un déficit de comportement physiologique, en fait ce chat ne peut stopper son activité… tout simplement. Il en va de même de la propreté, évitant la litière faisant sous eux ou dormant dans leurs excréments, ils ne font pas l’association besoins = recouvrir.

La toilette devient obsessionnelle ou presque absente.

Ils ne réagissent pas ni aux caresses, ni aux mauvais traitements. On peut leur faire mal sans qu’ils bougent ou tentent de fuir.

Ils n’agissent en fait jamais avec mesure et modération…

Les crises surviennent vers 18 mois, et se rapprochent de plus en plus avec une violence exponentielle… vers 3 ans on arrive à une crise par mois et si le chat reste « en vie » il arriverait à des crises quotidiennes vers 5 ans.

Ils sont écartés de la reproduction par leurs congénères, qui les fuient le plus possible.

On trouvera des symptômes bien plus prononcés chez le chat qui reste seul toute la journée et s’ennuie, l’ennui aggraverait la maladie. Au retour les maîtres deviennent des proies vivantes : attaques des mollets par exemple est chose courante.

On a vu certains de ces chats se noyer en buvant par exemple…

Il est à noter qu’entre les crises le chat semble avoir un comportement normal, demander des câlins par exemple.

Le chat est ingérable et n’entend pas ce qu’on lui dit, ne reconnait aucune odeurs, rien ne l’arrête. La seule personne qui peut le stopper est la mère de substitution qui avec sa voix peut le ramener à la réalité, si ce n’est pas la personne attaquée…

Bref, aucune chance de pouvoir vivre tranquille avec un chat fou, et le placer serait irresponsable. Imaginez que vous vouliez donner une chance à un tel chat, que vous appreniez dans les mois qui suivent qu’il a tué un chat, un chien ou blessé gravement un enfant ? Vous vous sentiriez coupable à juste titre. Un vétérinaire ou un comportementaliste pourront confirmer le diagnostic et éventuellement tenter un traitement qui s’il s’avère efficace pourra donner une réelle chance au chat. Dans le cas contraire, je ne suis pas pour l’euthanasie pour un rien, mais là je la recommande vivement.

A noter : la liste des symptômes de la folie n’est pas exhaustive, de plus un seul symptôme voir 2, ne signifient pas pour autant que votre chat est fou, seul une accumulation de faits peut nous pousser à confirmer la folie.

 

Marie-Hélène Bonnet www.comportement-chat.com

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