Témoignage comportement

Du côté témoignage comportement :

Camille…

Lorsque mon compagnon et moi avons décidé d’adopter un chat, nous n’avions guère de critères définis, si ce n’est que nous souhaitions donner un lieu de vie heureux au petit animal qui viendrait.

Nous nous sommes donc tournés vers un refuge félin, près de chez nous. La minuscule Sarah, aux ascendants siamois, nous a fait de l’œil et elle est entrée le soir même dans notre vie. Son adaptation fut rapide, sans épisode notable ; elle avait connu précédemment quelques vicissitudes – une première adoption « ratée » dans un foyer où un enfant la tourmentait… mais Sarah était bien dans sa tête et trouva très vite ses marques. Elle ronronnait, mangeait bien, était propre, une petite chatte en pleine vie.

Mon compagnon, par ailleurs, avait toujours eu envie d’un chat bleu, genre chartreux, sans en faire un préalable à une adoption.

Lors de notre visite au refuge, nous avions repéré une jolie chatoune, bleue, mais inadoptable, totalement asociale, vivant sous les meubles, ne sortant que la nuit, terrorisée par les humains et les autres chats qui crachaient et soufflaient.

Lucie, une des deux responsables du refuge, ne nous connaissant pas, nous a alors clairement conseillé de prendre Sarah, beaucoup plus socialisée et adaptable – donc adoptable ! La suite prouva qu’elle avait raison, Sarah était réellement plus « facile » !

Puis, voyant que la Minuscule s’adaptait très bien, qu’elle était vive et coquine, nous avons imaginé lui trouver une compagne de jeux. L’idée d’avoir deux félins à la maison était séduisante… et Sarah était seule toute la journée.

Nous avons alors repensé à la belle chatte bleue, Camille, qui nous avait séduits et peinés… Lucie, qui nous connaissait mieux maintenant, voyant que Sarah s’épanouissait et semblait heureuse, nous expliqua alors l’histoire de Camille, et l’horreur de sa jeune vie.

Camille avait été capturée par un couple de personnes âgées, avec seize autres congénères. Ces gens, sous prétexte de le « sauver » et de lui éviter les dangers de la rue, maintenaient chaque chat en permanence dans une cage de transport. Les cages de transport servaient en même temps de litière, et n’étaient jamais nettoyées : on empilait sur la litière souillée une couche de journaux, venant recouvrir les déjections des jours passés…

Lorsque l’association vint les secourir, certains chats ne pouvaient pas tenir debout, ni marcher, ni se déplacer. Ils vivaient sur leurs litières de papier journal durci. Camille était une de ces malheureuses, rescapée sans séquelle physique notable. Elle avait environ deux ans.

Impossible de savoir combien de temps ces malheureux chats sont restés dans ces cages… mais les séquelles psychologiques étaient, elles, flagrantes.

Camille, au refuge, ne savait pas se défendre et vivait dans la terreur. Lorsque nous avons dit à Lucie et Antonio, les responsables, que nous souhaitions adopter un autre petit félin, et que nous repensions à cette jolie Camille si malheureuse, Lucie nous répondit que Camille allait de plus en plus mal, qu’elle devenait de plus en plus sauvage, elle ne quittait plus sa cachette, qu’il était impossible de la toucher et qu’en effet, nous connaissant maintenant, elle pensait que nous pourrions apporter à cette pauvre petite chatte un foyer aimant… mais que le chemin serait long !

Alors nous n’avons pas adopté Camille officiellement, nous nous sommes engagés en tant que « famille d’accueil », avec adoption officielle ultérieure si les choses se passaient bien.

Le chemin fut difficile, en effet. Tout d’abord, par la force des choses, il nous a fallu replacer Camille… dans une boîte de transport, pour la ramener chez nous ! ce qui n’était pas le plus rassurant pour elle…

Les premiers jours, les premières semaines, furent infernales. Pour elle et pour nous. Camille était invisible. Elle se cachait dans des endroits totalement impossibles, improbables, impensables. Maintes fois nous avons pris des photos au jugé, pour savoir si elle ne se terrait pas derrière la machine à laver, dans la bibliothèque, dans un tiroir… Camille allait partout, se cachait partout. Et quand elle se voyait découverte, impossible de croiser son regard. Cette petite bête vivait dans une terreur de tous les instants, et nous étions partagés, mon compagnon et moi, entre deux attitudes, aussi stériles l’une que l’autre : la laisser tranquille, lui assurer nourriture et eau, sans chercher à la toucher, à lui parler, ce qui aurait pu durer des années… ou alors l’attraper, la bloquer dans un coin, et la prendre sur nous pour la caresser, de force, ce qui nous semblait le contraire de la douceur !

Camille vivait la nuit. Nous avions installé, aux endroits stratégiques – litière, gamelle, couloir – des caméras à infrarouges. Et nous voyions que Camille, la nuit, quand la maison était endormie, mangeait, buvait… et jouait. Elle jouait avec les petites balles que Sarah laissait dans la maison, nous entendions les petits chocs sur les plinthes. La caméra nous montrait une Camille enfin calme, pas apeurée, dans une attitude normale de petit chat. Elle se roulait sur le carrelage, sautait, glissait, se dépensait sans peur. Et le matin Camille avait disparu à nouveau. Cette petite chatte, dans son infini malheur, était cependant propre, et ce dès le premier jour.

Un beau jour, je décidai de tenter de trouver une solution. Camille n’évoluait pas, et je la voyais si malheureuse… Il était impossible qu’elle ne puisse vivre qu’au cœur de la nuit, et je voulais parvenir à la toucher, la caresser, lui faire comprendre que son martyre était terminé et qu’elle était chez elle, en sécurité.

Je savais qu’un vétérinaire, aussi compétent fût-il, n’aurait pas de réponse, hormis le Féliway, ce qui n’était d’évidence pas suffisant. Une recherche sur Internet me fit découvrir un site clair,  étayé,  pertinent : une comportementaliste, Marie-Hélène Bonnet, « spécialiste des chats », proposait un entretien téléphonique après réponse à un questionnaire fouillé. Elle ne demandait pas à voir le chat, arguant que dans un cabinet vétérinaire, un animal n’a jamais un comportement « naturel » et que les problèmes ne sont donc pas mis en évidence.

Le questionnaire dûment rempli et retourné à Marie-Hélène, nous nous contactâmes un après-midi. Elle connaissait donc, par ce document, l’histoire douloureuse de Camille, et je lui confiai notre incapacité à aider cette jolie chatoune à adopter sa nouvelle vie. Nous avons, je crois, parlé longtemps, et Marie- Hélène me conseilla, outre de nombreux points techniques quotidiens, un traitement à base de Fleurs de Bach.

Grâce à l’empathie, la bienveillance, la gentillesse de Marie-Hélène, j’avais enfin, pour la première fois, le sentiment que Camille pouvait connaître une vie plus sereine. Je connaissais de renommée les Fleurs de Bach, mais n’aurais pas imaginé les appliquer à un animal.

Le soir même, je commandai sur Internet les quatre flacons préconisés par Marie-Hélène.

Je me revois, expliquant à voix haute à Camille invisible, toujours terrée dans une de ses cachettes, ce que nous faisions, qu’elle allait avoir un traitement et que nous empruntions enfin le chemin du mieux- être… !

Deux jours après, je tenais les flacons en main, et commençai illico la « potion » de Camille.

Sous le lit – une des cachettes évidentes de la belle bleue – je posai un bol d’eau de source contenant les gouttes de Fleurs de Bach, et un bol de croquettes. Il fallait que Camille puisse boire et manger pendant  la journée, sans avoir à attendre la nuit.

Le résultat fut absolument incroyable, stupéfiant. Deux jours après, Camille se montrait. Oh, pas longtemps, pas tout près, mais j’étais en train de travailler sur l’ordinateur, dans le silence de l’appartement, quand je la vis, assise, loin de moi, sur ses gardes mais VISIBLE. C’était miraculeux, impensable. Elle se laissait regarder, sciemment. Je ne bougeai pas et Camille s’en alla, rapidement mais calmement.

De jours en jours la petite faisait des progrès. Elle connaissait nos bruits, nos voix, savait notre présence, ne fréquentait plus ses cachettes impossibles. Elle avait adopté un petit endroit protégé, au pied de notre lit, le bas d’une bibliothèque ouverte, où elle dormait. Et peu à peu elle nous laissa nous approcher, moi d’abord, puis mon compagnon. Je tenais Marie-Hélène au courant des progrès et des avancées, en espérant qu’un jour je pourrais toucher et caresser Camille.

Lorsqu’elle était dans sa cahute – c’est ainsi que nous avions surnommé son terrier du pied du lit – Camille acceptait notre présence ; un beau jour, elle osa croiser et soutenir notre regard. Nous lui parlions doucement, sans geste brusque, elle restait sur la défensive mais ne fuyait pas et nous regardait. Peu à peu, au fil des jours, je pus avancer la main, lentement, puis un matin, d’elle-même, elle vint poser son petit nez sur ma main ouverte qui pendait devant elle. La chose ne dura qu’un instant, mais elle avait recherché et accepté le contact, enfin.

D’ores et déjà, depuis les premiers jours des Fleurs de Bach, Camille avait compris qu’elle ne craignait rien de nous, qu’elle vivait en sécurité et que ces humains-là ne la feraient pas souffrir. Quel chemin elle parcourait, pauvre petite bête au passé si lourd… !

Tout alla plus vite, ensuite. Je pus glisser ma main dans la cahute, puis les deux, elle tendait son petit ventre pour que je la caresse, donnait des petits coups de tête, puis un beau matin, très doucement, je l’ai entendue ronronner.

Le premier pari, faire vivre cette petite chatte dans un univers calme et serein, était gagné. Nous avons officiellement adopté Camille, elle savait qu’elle resterait avec nous.

Elle avait perdu son regard traqué, avait des expressions amusantes, fronçait son petit nez et nous regardait bien en face, ce qui lui donnait un petit air insolent, et se montrait de plus en plus. Elle ne marchait plus « ventre à terre », elle était bien dressée sur ses quatre pattes, et n’attendait plus, pour se promener dans l’appartement, que les lumières soient éteintes ; elle nous gratifiait certains soirs d’un véritable spectacle de séduction, se roulant par terre devant nous, s’étirant, faisant sa toilette…

Mais Marie-Hélène a encore du travail : il est normal que les progrès ne soient plus si rapides, et Camille

« marque le pas », c’est-à-dire qu’elle ne nous permet toujours pas de l’approcher et de la toucher hors de sa cahute. Nous pouvons cependant maintenant la caresser SUR le lit, et elle miaule pour réclamer ses caresses !

Mais pour le moment, toujours impossible de la toucher hors de ses endroits de prédilection, le lit et la cahute.

Problème, en développement hélas : Mademoiselle, maintenant, adopte un comportement « dominant » et terrorise la Minuscule, la pourchasse et l’attaque. Nous nous interrogeons sur la raison de cette agressivité… Sarah est si petite, (Camille fait deux fois son volume), et ni agressive ni exubérante… Elle recherche la sécurité, vient dormir dans notre lit – je sais, je sais… ! – et il faudra bien résoudre cette question rapidement : le bonheur de Camille ne doit pas se faire au détriment de celui de Sarah !

Il nous reste à traiter quelques points de détails, qui nous soucient un peu : Camille n’est pour le moment ni stérilisée ni tatouée, il faudra l’emmener chez le vétérinaire… jusqu’à présent, le stress généré par cet acte nous semblait tel que nous avons reculé le moment, mais Camille sort maintenant dans notre petit jardin, elle a pris entièrement possession de son univers et il va falloir agir.

Marie-Hélène et les Fleurs de Bach n’ont pas dit leur dernier mot…

Sylvie Periard

***

Du côté comportement :

Pour une fois, mon article ne sera pas construit comme d’habitude. Quand Sylvie m’a appelée pour que j’aide Camille, je sentais bien qu’il y avait un grand désespoir pour elle et son compagnon, de voir leur petite protégée ne pas vivre normalement. Plus j’avançais dans la conversation, plus je savais que cette consultation allait être difficile.

Une vie dans une caisse de transport, sans contacts, obligée de vivre dans ses excréments, il y a de quoi perturber définitivement n’importe quel chat.

Vous savez toutes et tous que je travaille avec un questionnaire. Quand Sylvie m’a retourné celui de Camille, j’étais au bord des larmes en voyant ce que certains humains pouvaient faire subir à des animaux qui n’avaient rien demandé à la base.

J’avais un énorme défi à relever, et là, il fallait que je fasse appel à toutes mes connaissances.

En temps normal, je rentre dans la tête du chat pour établir ma thérapie, et de là, je peux trouver ce qui

« cloche » dans sa vie. Rentrer dans la tête de Camille, cela relevait de la mission impossible. Il m’a fallu relire le questionnaire à plusieurs reprises, d’une part pour ne rien rater, mais aussi pour pouvoir faire cette gymnastique intellectuelle périlleuse.

Croyez-moi, ce n’est pas facile à vivre, ce qu’elle a vécu.

J’ai beaucoup douté de moi et de mes capacités à la sortir de là, mais je n’avais pas le droit de la laisser, ni d’échouer. Peu importe le temps passé sur le dossier « Camille », il me fallait à tout prix réussir à au moins la faire sortir de son « trou » et « vivre » à peu près normalement.

Il fallait d’abord qu’elle tire un trait sur son passé, qu’elle comprenne que cette époque était révolue. Ensuite, il fallait traiter son stress intense, et lui redonner confiance en elle et en la main humaine. Merci Edward Bach de me donner des éléments fiables pour tenter de gagner le pari. Mais malgré tout, ces éléments indispensables que sont les fleurs de Bach, ne font pas tout, loin de là… Ce n’est qu’une aide à la thérapie, ce serait trop simple sinon !

Je prévenais Sylvie et Laurent qu’elle ne se laisserait peut être jamais caresser, ou même approcher, mais au moins, si elle pouvait circuler dans la maison, et avoir des contacts avec sa copine Sarah, manger, boire sans avoir peur de le faire.

Et en toute sincérité, je ne pensais pouvoir aller au-delà de cette étape.

Sylvie et Laurent ont joué le jeu, écouté mes conseils et appliqué à la lettre la thérapie, ce qui évidemment permet d’aller plus vite mais surtout d’obtenir de meilleurs résultats.

En quelques semaines, Camille sortait, j’avais des photos d’elle à quelques mètres de Sylvie. Victoire ! Pari réussi, défi relevé !

Puis, j’apprenais par Sylvie qui m’écrit régulièrement pour me donner des nouvelles, que Camille venait jusqu’à sa main, un contact physique avait même pu être établi !

Un jour, après quelques mois, Camille venait sur le lit, et ronronnait. J’en avais les larmes aux yeux ! Un DVD reçu, avec des images réconfortantes, me faisait comprendre qu’on avait été bien au-delà de mes espoirs.

Même si aujourd’hui Camille va trop loin parfois avec sa copine Sarah, il est trop tôt pour tenter de régler ça. La situation est trop « fraîche » et tout ne tient encore qu’à un fil pour essayer de la calmer ! Mais elle se lâche, elle sort, se fait voir, et accepte les caresses sur le lit !

Laurent a enfin une bleue à caresser, et son rêve est réalisé en partie. Sylvie est aux anges.

Je suis sûre à présent que dans quelques temps Camille sera redevenue une chatte « normale » qui accepte d’être prise dans les bras, et caressée partout dans la maison. On sent à son caractère qu’elle est espiègle, et qu’il ne manque pas grand-chose pour qu’elle le fasse voir au grand jour !

Camille est et restera longtemps ma plus belle victoire de la bêtise humaine sur le chat !


Marie Hélène Bonnet
Thérapeute Comportementaliste chat, spécialisée Fleurs de Bach et Nutrition
www.comportement-chat.com

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