Gestation et mise bas

Conférence du Dr Alain Fontbonne :  

« Dernières actualités en reproduction féline » 

Centre d’Etude en Reproduction des Carnivores Domestiques – Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, France

Notes prises lors de la Convention Internationale Féline Royal Canin des 13, 14 & 15 avril 2010 par Florence RICHARD

 

Si la reproduction féline n’avait jusqu’à présent pas été aussi largement étudiée que celle du chien, la demande actuellement croissante des éleveurs voit augmenter de manière très sensible le nombre d’études et les équipes de recherche.

La meilleure gestion des cycles de la chatte et la fertilité sont des points essentiels pour l’éleveur.

L’ovulation (induite par le frottement de la partie dorsale du vagin lors de l’accouplement, ce qui libère la montée de l’hormone lutéinisante) est soumise à des aléas importants :

− les spécificités raciales,

− le fait que 15 à 20% des chattes refusent le mâle pendant les 2 premiers jours de chaleurs (pro-oestrus), ce qui impose à l’éleveur d’être patient.

− Le fait, les éleveurs le savent bien, qu’un seul accouplement n’est efficace pour induire un déclenchement d’ovulation que dans 50% des cas.

Pour maîtriser la reproduction, aussi bien pour prévenir les chaleurs que pour les induire, [et au delà des astuces – qui ne sont pas toujours sans danger- connues par les professionnels (stimulation manuelle, rôle de la luminosité), des analyses de progestérone significative d’une gestation, de l’apport de gonadotropines, dont l’usage répété peut induire des effets secondaires], il existe aujourd’hui une piste très intéressante, celle des agonistes de l’hormone GnRH, une hormone synthétique modelée sur l’hormone de l’hypotalamus qui permet l’émission des hormones hypophysaires : les hormones lutéinisante et folliculo-stimulante.

Les GnRH agonistes stimulent la production naturelle de gonadotropines chez la chatte et peuvent ainsi, dans un premier temps, induire des chaleurs. Ces hormones ont également un autre usage lors d’administration prolongée au-delà de 15 jours : celle d’une castration chimique qui est à l’étude actuellement. Elle ouvre des voies intéressantes chez la femelle comme chez le mâle, puisqu’on peut ainsi suspendre l’activité sexuelle – et ses conséquences- pendant le laps de temps désiré, et apparemment, de façon réversible. Mais des essais plus approfondis doivent encore être conduits avant de proposer ces techniques en routine en élevage.

Des études ont également été conduites sur la détection de l’imminence de la parturition : on sait qu’il y peut y avoir dans les 12 à 24h précédant la mise bas, une baisse de température liée à une baisse du taux de progestérone. Hélas, cette baisse n’est pas systématique chez la chatte et donc la baisse de température rectale ne se produit pas systématiquement.

Ce qui est sûr c’est que si le premier chaton n’est pas né 4h après le début du travail, si il y a plus de 2h entre deux chatons, s’il y a des contractions à vide et des pertes vulvaires hémorragiques en quantité anormalement importante, le pronostic n’est pas bon et il convient de se rendre d’urgence chez son vétérinaire.

En amont, la reproduction assistée connaît un intérêt croissant et en particulier dans le monde félin sauvage;

les méthodes de recueil de sperme sont variées : vagin artificiel, électrostimulation sous anesthésie (classiquement utilisée en médecine humaine chez les personnes paraplégiques) mais également la pose/retrait sous sédation d’un cathéter dans l’urètre qui provoque une brève émission de sperme, et la possibilité lors d’une castration de collecter du sperme dans l’épididyme.

Une des particularités des félidés est d’avoir un sperme relativement défectueux (tératospermie) et de conservation délicate. La répétition des accouplements pourrait d’ailleurs être une réponse à cette mauvaise qualité, en augmentant la dose totale de spermatozoïdes déposée dans les voies génitales femelles!

Le Pr Maria-Isabel Mello-Martins travaille actuellement sur la conservation du sperme tératospermique.

Quant à l’insémination artificielle, elle présente de nombreux avantages :

− pour des mâles à faible libido,

− limitation de la transmission de maladies sexuelles car mâle et femelle ne sont pas en contact direct,

− lors d’échanges internationaux de semences sans déplacer les chats, − utilisation du sperme d’un mâle trop âgé, stérilisé ou décédé.

Le dépôt intravaginal de la semence donne des résultats variables et jusqu’à présent la technique la plus efficace était l’insémination intra-utérine chirurgicale. Mais le Dr Florence Vannier a développé, en complément des études italiennes du Pr Zambelli, une nouvelle technique d’insémination intra-utérine non invasive grâce à l’utilisation d’une sonde urinaire métallique extrafine.

Les prochaines grandes étapes concerneront sans doute le transfert et la congélation des embryons, le clonage (le premier chaton cloné, Copycat, est né en 2003) et les autres biotechnologies de la reproduction

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