La pathologie néonatale du chaton

Résumé de la thèse de THEVENET Muriel DOCTORAT VETERINAIRE 1997 – par FLORENCE RICHARD 

Température corporelle

Acquisition de l’homéothermie :  

La température d’un chat adulte est comprise entre 38 et 39°C. Malgré un environnement fluctuant, sa température centrale est maintenue constante. On dit qu’il est homéotherme. 

Le chaton nouveau-né, quant à lui, n’est pas complètement homéotherme : il est poïkilotherme pendant les premières semaines et ne contrôle complètement sa thermorégulation corporelle que vers l’âge d’un mois. En effet, ses centres thermorégulateurs hypothalamiques sont encore partiellement immatures et leur myélinisation est incomplète. De plus, les pertes de chaleur corporelle sont favorisées par la grande surface corporelle du chaton par rapport à sa masse, et par une capacité limitée de vasoconstriction périphérique. Le chaton est donc dépendant de son environnement pour maintenir sa température corporelle et tout éloignement de la portée, tout rejet de la part de la mère peut s’avérer rapidement mortel. 

La température du nouveau-né chute rapidement dans les 30 minutes qui suivent la naissance pour atteindre la valeur normale moyenne de 36,7°C, qui augmente jusqu’à 37,8°C au bout d’une semaine. Dès la fin de la deuxième semaine de vie, le chaton peut maintenir sa température corporelle durant un temps limité et sous des conditions favorables, même en l’absence de sa mère ou du reste de la portée. Cette faculté est significativement  proportionnelle au poids du chaton. 

En général, c’est à l’âge de 4 semaines que les chatons atteignent leur température d’adulte. 

Les nouveau-nés n’ont que peu de moyens pour maintenir leur température corporelle normale : ils ont peu de graisse sous-cutanée, leur capacité à frissonner et leur aptitude à la vasoconstriction des vaisseaux périphériques reste peu développée. De plus, la surface corporelle, très grande par rapport au poids du chaton, favorise les pertes de chaleur. Ils ne peuvent frissonner qu’à partie du 6-8ème jour d’âge, avant cette date, le tissu adipeux brun (tissu à fonction thermogénique, présent à la naissance et disparaissant au bout de quelques semaines) est la principale source de thermogenèse. C’est en se blottissant les uns contre les autres et contre leur mère qu’ils maintiennent leur température corporelle normale. La réaction de frissonnement lorsque le chaton est refroidi n’apparaît bien développée qu’à partir de 3 semaines 

Conséquences des variations thermiques sur les fonctions vitales :  

Les variations du rythme cardiaque sont étroitement liées à celles de la température : la fréquence cardiaque diminue parallèlement à une réduction de la température corporelle.

Ainsi, pour une température rectale de 21°C, la fréquence cardiaque ne sera plus que de 40 à 50 battements par minute. 

Le  débit  cardiaque  et  la  pression  sanguine  diminuent  également  lors  d’hypothermie.  Parallèlement,  la  fréquence respiratoire augmente, le chaton perd le réflexe de succion, une paralysie gastro-intestinale s’installe. Il ne faut donc pas nourrir un chaton en hypothermie au risque de provoquer un iléus (obstruction intestinale ou occlusion). De plus, un chaton «froid» est généralement rejeté par sa mère. 

Prévention contre l’hypothermie

Les chatons doivent être réchauffés dès leur naissance, soit par le léchage de leur mère, soit par un assistant qui frictionne vigoureusement le thorax à l’aide d’un linge propre. 

Cette étape est primordiale : sécher les nouveau-nés les rend moins vulnérables dans ce nouvel environnement plus froid que le milieu intra-utérin. Ensuite les chatons sont capables de rechercher activement la chaleur de leur mère en se blottissant contre ses mamelles. Ce contact physique leur permet de faire remonter leur température. La lampe à infrarouge est un moyen intéressant pour ne réchauffer qu’une partie de la caisse. Il faut cependant prendre la précaution de la placer suffisamment haut. Ainsi, la chatte peut se soustraire à la chaleur tandis que les chatons choisissent la distance idéale correspondant à la température qui leur convient. Le chauffage à la lampe IR comporte néanmoins l’inconvénient d’assécher l’atmosphère alors que la portée a besoin d’un degré d’humidité constant. Une éponge imbibée d’eau peut être placée dans le local de mise bas pour réguler l’hygrométrie. Un autre inconvénient est de ne pas respecter le cycle de lumière jour/nuit. 

Pour prévenir l’hypothermie, on peut également utiliser une bouillotte, une simple bouteille remplie d’eau chaude suffit. Il est alors conseillé de changer l’eau fréquemment afin d’éviter de grandes variations de température. Un linge doux et suffisamment épais permet d’isoler les chatons et d’éviter ainsi des brûlures par exposition directe à la source de chaleur. 

Quelle que soit la méthode choisie, la température doit être surveillée en laissant un thermomètre d’ambiance à proximité des chatons. 

Enfin, l’utilisation d’un tapis ou d’une plaque chauffante thermostatés semble être une méthode de choix. Pour plus de confort, on recouvrira l’appareil d’une serviette bien fixée pour que les chatons ne puissent pas aller en dessous. Ils présentent l’intérêt de chauffer le ventre et non le dos des chatons. Comme la lampe, ils sont placés dans un angle de la caisse de mise-bas pour obtenir un gradient de température. 

N’oublions pas qu’une température excessive est tout aussi nuisible que le froid pour le nouveau-né. 

La pathologie congénitale 

Les affections congénitales, présentes dès la naissance, représentent 10 à 20% des cas de mortalité néonatale. Certaines sont très visibles dès la naissance, d’autres sont plus insidieuses. La majorité des tares ne sont pas mises en évidence en pratique : certains chatons dépérissent après une période plus ou moins longue, sans qu’un diagnostic soit fait. 

Un certain nombre de malformations congénitales rencontrées chez le chat sont d’origine génétique, d’autres sont induites par des maladies infectieuses ou parasitaires, ou encore peuvent être d’origine iatrogène, mais la plupart sont d’origine inconnue.

 

Anomalies neurologiques

Les plus courantes sont l’hypoplasie cérébelleuse, le Spina bifida, et certaines maladies métaboliques (Thésaurismose). 

– L’hypoplasie cérébelleuse résulte la plupart du temps de l’exposition in utero au virus de la Panleucopénie infectieuse. Les chatons montrent alors, dès que les facultés locomotrices apparaissent, de la dysmétrie, des signes de trémor et d’ataxie. Ces symptômes varient en intensité suivant les sujets mais restent stables dans le temps. De nombreux chatons ne sont que légèrement touchés et atteignent l’âge adulte. Il n’existe pas de traitement, et le diagnostic n’est confirmable qu’à l’autopsie. 

– Le Spina bifida est un défaut génétique se traduisant par l’absence de fermeture des arcs vertébraux supérieurs. Des défauts de la moelle épinière lui sont souvent associés (syringomyélie, méningocoele). Ce défaut est fréquent sur les chats de l’île de Man et il est associé au gène de l’acaudie. Les signes cliniques sont représentés par des anomalies de la démarche des membres postérieurs ainsi que des incontinences urinaires ou fécales. 

Les anomalies cardiaques congénitales  

On rencontre par ordre décroissant de prévalence : 

– Des défauts du septum ventriculaire et persistance du canal atrio-ventriculaire. 
– Dysplasie des valves mitrale ou tricuspide 
– Sténose aortique 
– Persistance du canal artériel 
– Tétralogie de Fallot 

Les signes cliniques durant les premières semaines de vie sont rares et de simples murmures peuvent parfois être rencontrés lors de l’auscultation. 

La surdité héréditaire 

Elle est unilatérale ou bilatérale suivant le cas. Elle est fréquente sur les chats blancs à poils longs ou courts. Lorsqu’elle est unilatérale, la surdité peut être cliniquement indiagnosticable. Ce défaut est associé à une dégénérescence cochléaire de l’oreille interne entre les 4ème et 21ème jours de vie. Les gènes responsables de la couleur de la robe, de la couleur de l’iris et de la surdité sont étroitement associés. Il n’existe pas de traitement pour cette abiotrophie.

Les anomalies crânio-faciales

Elles sont courantes chez les Persans et les Birmans et peuvent apparaître occasionnellement sur les autres races. 

L’encéphalocoele, la microphtalmie, l’hydrocéphalie, la fente palatine, l’hypoplasie maxillaire, l’agénésie du planum nasale et des narines sont les principales affections rencontrées. 

Les anomalies oculaires

Les anomalies des paupières : 

Les paupières s’ouvrent normalement entre 5 et 14 jours après la naissance. Si elles restent soudées après 15 jours, il s’agit d’un ankyloblépharon (fermeture totale) ou d’un blépharophimosis (fermeture partielle). L’ankyloblépharon est souvent associé à une infection qui entraîne une accumulation de pus qui distend vers l’avant le plan palpébral. Cette affection est appelée ophtalmie néonatale. 

Le traitement est chirurgical. 

Anomalies du globe oculaire : 

La microphtalmie est une anomalie génétique assez fréquente. La diminution de la taille du globe est le plus souvent d’origine embryologique, mais il existe des facteurs héréditaires. Elle s’accompagne souvent de malformations multiples, à rechercher systématiquement : des microcornées, une aphakie, la persistance de vitré primitif, et des malformations ou des décollements rétiniens. 

Le strabisme convergent, rencontré principalement chez le chat Siamois (transmission autosomale récessive) et chez l’Himalayen, est la conséquence d’un développement anormal des voies visuelles et des structures d’intégration, et s’accompagne de troubles de la vue. 

Un strabisme ventro-latéral autorise une suspicion précoce d’hydrocéphalie. Un mouvement involontaire rapide continu est observé lors d’anomalies des voies visuelles (Siamois), dans certaines maladies génétiques, mais surtout lors de cécité congénitale ou précoce (Abyssin). 

Les anomalies du tractus digestif

Mise à part la fente palatine, ces anomalies sont rares chez le chat. Des agénésies de segments d’intestin ont cependant été décrites. Des cas de mégaoesophage ou de sténose pylorique ont été rapportés, s’accompagnant pour les premiers de régurgitations et d’émaciation, et pour les seconds de distension gastrique importante. 

Les anomalies du canal de l’ouraque

Ces anomalies se manifestent durant la période néonatale par des infections persistantes de l’ombilic. L’émission d’urine à travers l’ombilic peut être observée lorsque le canal communique à la fois avec celui-ci et avec la vessie. Le diagnostic est confirmé par radiographie et le traitement est effectué par chirurgie correctrice. 

Les anomalies de la peau

Elles sont rares chez le chat et essentiellement représentées par l’alopécie congénitale et l’asthénie cutanée (syndrome d’EHLER-DANLOS). Cette dernière est causée par une synthèse défectueuse en collagène et caractérisée par une hyper-extensibilité, une grande fragilité, une faible activité cicatricielle et parfois des luxations articulaires. Ces défauts ne peuvent être traités et engendre souvent la mort par traumatisme ou infections de plaies non cicatrisées. 

Les maladies métaboliques d’origine génétique

Ces maladies sont peut connues en médecine vétérinaire et donc peu suspectées. En pédiatrie humaine, toute affection qui ne peut être clairement identifiée fait l’objet d’une recherche génétique.

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