Premières heures de vie : les gestes à faire

Photo Corinne BARTHET-MIELLE – Chatterie des Ombrages 

La moitié des cas de mortinatalité (décès à la naissance) ou de mortalité néonatale (mort dans les premiers jours de la vie) sont dues à une mauvaise gestation de la mise bas. 

Quelques gestes simples et efficaces doivent être maîtrisés, auxquels l’éleveur aura recours systématiquement à la naissance de ses chatons. 

Faire respirer : Durant la gestation, les poumons du fœtus sont remplis de liquide, collabés (c’est à dire repliés sur eux mêmes). Ce liquide doit être expulsé durant la mise bas et la première respiration doit être déclenchée. 

Durant la vie embryonnaire et fœtale, c’est le placenta qui apporte l’oxygène au chaton. 

Celui-ci se décroche de l’utérus, privant le chaton d’oxygène quand il s’engage dans le bassin de la mère. Deux phénomènes vont alors survenir, aidant le chaton à réaliser sa première respiration : 

– Lors du passage, le thorax est partiellement comprimé et écrasé ce qui permet dans un premier temps d’expulser le liquide accumulé dans les poumons 

– Le placenta étant décroché, l’apport en oxygène du chaton est stoppé et le chaton est en hypoxie (c’est à dire en manque d’oxygène). En pratique, l’hypoxie se traduit par l’apparition d’extrémités cyanosées, c’est à dire bleutées. C’est ce manque d’oxygène brutal qui déclenche le réflexe de la première respirations. 

Le chaton lorsqu’il nait, a une demande en oxygène très faible, il est donc capable de résister à l’hypoxie pendant plusieurs minutes. Il faut agir relativement vite pour le sauver mais sans panique excessive . Dans le cas où la mise bas se passe mal et que le chaton reste trop longtemps bloqué dans la filière pelvienne, la première respiration se déclenche alors que les voies respiratoires ne sont pas encore dégagées. Du liquide alors dans les poumons après la naissance et il n’est pas rare que s’installe secondairement une infection pulmonaire, appelée bronchopneumonie. 

Comment aider le chaton à respirer :

Lors de la mise bas, le chaton peut naître « couvert » c’est à dire entouré de sa poche amniotique ou « découvert » lorsque la poche est déjà rompue. Bien souvent, la mère, par ses léchages immédiats instinctivement dirigés vers la tête du chaton déchire l’enveloppe elle-même. Si l’expulsion a été difficile, si la femelle est fatiguée ou encore si le chaton paraît peu tonique, il convient de l’aider. L’éleveur doit alors, dès l’expulsion, déchirer cette enveloppe afin d’éviter que le chaton n’inhale du liquide amniotique et puisse respirer correctement.

En pratique, certaines femelles peu confiantes ou facilement stressées, peuvent mal réagir à la manipulation de leurs petits dès la naissance. C’est donc à l’éleveur d’évaluer en continu les gestes qui peuvent être réalisés sans compromettre le bon déroulement de la mise bas et en protégeant l’état émotionnel de la mère. Le calme de la femelle doit être préservé et tout en étant efficaces, les gestes de l’éleveur ne doivent pas être précipités.

Dans tous les cas, il est utile de poursuivre le dégagement des voies respiratoires supérieures en utilisant un procédé physique d’aspiration.

L’emploi de poires d’aspiration est possible mais la dépression ainsi provoquée n’est pas contrôlable. En cas d’aspiration trop forte, il est possible de provoquer un spasme du larynx et une chute de la fréquence cardiaque.

Un autre système d’aspiration donne de très bons résultats en pratique : le mouche-bébé.

Cet ustensile permet de contrôler correctement la dépression effectuée au niveau des voies respiratoires. Si les voies du chaton sont très encombrées, il peut être utile de le manipuler doucement grâce à un mouvement de balancier après l’avoir correctement bloqué entre les mains. Ce procédé est parfois controversé. En effet, en médecine humaine, cette pratique a été abandonnée, car dans certains cas le nouveau-né présentait secondairement un syndrome du « bébé secoué » (microhémorragies cérébrales). En médecine féline, ce syndrome n’a pas été décrit. Si les autres procédés suffisent à dégager efficacement les voies respiratoires supérieures, on peut s’en abstenir.

Bien sûr, le balancier s’effectuera toujours en douceur. Dans certains cas précis (césarienne notamment) cette technique s’avère utile.

Une fois les voies respiratoires dégagées, la première respiration peut être déclenchée par la friction du thorax. Cette friction peut être réalisée par la mère grâce à ses léchages ou être imitée par l’éleveur à l’aide d’un tissu propre ou du papier absorbant.

L’emploi des médicaments stimulant la respiration (analeptiques respiratoires) doit être proscrit en première intention. Ces produits sont en effet souvent très mal utilisés. Trop d’éleveurs les emploient dès la naissance, croyant bien faire, alors que les voies respiratoires ne sont pas totalement dégagées. Leur utilisation, dans ce cas précis, a pour conséquence de déclencher une forte inspiration qui pousse les sécrétions liquidiennes au fond des poumons et favorise ainsi l’installation de pneumonies. Leur utilisation doit être réservée uniquement aux chatons qui ont réellement des difficultés à respirer, après que les voies respiratoires aient désencombrées.

Enfin, il ne faut pas se décourager trop vite. Les éleveurs qui ont déjà géré plusieurs dizaines de mise bas ont tous vécu une fois, l’expérience du chaton laissé pour mort et ressuscité. En fait, tant qu’il y a présence de battements cardiaques (facilement décelables en opposant l’index juste en arrière du coude gauche), il y a un espoir. Par expérience, il arrive de réanimer des chatons qui ne respiraient très mal pendant plus d’une demi-heure et qui s’avèrent parfaitement viables et normaux par la suite.

Si le chaton a de grandes difficultés à respirer, il est intéressant d’augmenter les apports en oxygène en enrichissant l’atmosphère (des appareils d’enrichissement sont disponibles sur le marché).

Certains éleveurs pensent à tort que le fait de plonger le chaton dans l’eau froide va l’aider à déclencher sa première respiration. Le chaton est très sensible à l’hypothermie et cette pratique s’avère plus dangereuse qu’utile.

Extrait du chapitre « PEDIATRIE » du guide pratique de l’élevage félin
ROYAL CANIN – Club félinotechnique d’avril 2006 – résumé par Florence RICHARD

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