Le gene I

Le gène I (pour Inhibitor) possède deux allèles :

  • I, l’allèle dominant. Il s’agit d’une mutation. Cet allèle a pour action de supprimer la phaeomélanine (pigment jaune qu’on trouve sur les bandes claires des poils tabby et sur la base des poils unis), remplacée par un blanc lumineux. Il est responsable de la variété smoke (« fumé ») ainsi que du  silver lorsqu’associé au tabby.
  • i, l’allèle dit sauvage, non muté, comme on le trouve dans la nature. Cette version du gène est récessive contrairement à la plupart des allèles sauvages, qui sont généralement dominants. La phaeomélanine n’est pas inhibée lorsque i s’exprime : pas de modification de la robe.

Il n’existe actuellement pas de test pour ce gène.

Mör Harlech Phoebe, femelle British Longhair black smoke appartenant à Dominique Delaveau

Ce mode de transmission implique qu’il est impossible d’obtenir un chaton smoke ou silver tabby si au minimum un de ses parents n’est pas lui- même argent  (terme désignant un animal possédant I, qu’il soit smoke ou silver tabby). D’autre part, le mariage de deux chats argent ne donne pas obligatoirement une portée entièrement composée de bébés

smoke/silver. Pour ce faire, il faudrait qu’au moins un des géniteurs soit homozygote pour l’allèle I, c’est-à-dire que les deux chromosomes de la paire sur laquelle le gène est situé portent chacun un exemplaire de I. La version sauvage i est donc absente du patrimoine génétique d’un tel chat (lui- même nécessairement issu d’un accouplement argent x argent) qui n’aura que des allèles inhibiteurs à transmettre, et, par conséquent, la totalité de ses enfants sera argent.

Pareillement, les chatons silver tabby ou smoke ayant un parent non argent seront obligatoirement tous porteurs de i.

Dafna Devinore, femelle British Shorthair blue smoke appartenant à Anastacia Vedysheva

Au niveau du phénotype, le smoke, qui peut s’appliquer à n’importe quelle couleur, donne un effet fumé à la robe. La suppression de la phaeomélanine confère aux poils une base d’un blanc argenté, ce qui est notamment bien visible en les écartant. Ceux situés à l’intérieur des oreilles sont eux-mêmes blancs, avec possibilité de pointe colorée selon l’intensité du smoke. La truffe et les coussinets restent de la couleur de base du chat.

On note également une accentuation des marques tabby fantômes chez les smoke, en particulier sur les chatons. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les robes non tabby soient constituées de poils unis comportant une courte base phaeomélanique, mais aussi de poils agoutis transformés, faits alternativement de bandes composées du pigment constitutif de la couleur de base (eumélanine chez le noir, bleu, chocolat, lilac, cinnamon et fawn, pigment orange pour le red et le crème) ainsi que de bandes sur lesquelles ce pigment et la phaeomélanine sont entremêlés, mélangés. La suppression de la  phaeomélanine renforce donc  la visibilité des marques fantômes.  Les poils agoutis transformés nous montrent, par ailleurs, que le tabby est le patron d’origine du chat : l’emplacement des parties présentant cet entremêlement des deux types de pigment coïncide avec celui des bandes agouties. L’allèle muté récessif a, responsable du non tabby, régule la production d’eumélanine/pigment orange, de sorte à ce que les bandes agouties soient « remplies ». L’action de a reste donc incomplète sur ces poils.

Flaubert des Montagnes, mâle British Shorthair red smoke né chez Caroline Coudert (photo C & D)

Chez le silver tabby, on retrouve les caractéristiques   classiques   des   chats   tabby :

lunettes blanches, nez maquillé (brique à rose, cerclé de la couleur de base du chat), nœud papillon blanc sous le nez, ainsi qu’une robe composée de poils non agouti et de poils agoutis, faits d’alternances de bandes de phaeomélanine (inhibée pour le silver) et de bandes d’eumélanine/pigment orange. Le bord interne et les touffes des oreilles sont blancs. L’inhibition peut s’appliquer à tous les types de tabby, y compris aux patrons caractéristiques des races issues d’hybridations, comme le spotted à rosettes,  le  marbled  (dérivé  du  blotched,  étiré

horizontalement par rapport à ce dernier), le sparbled (combinant les rosettes aux lignes dorsales du marbled) du Bengal, ou même le candle-flame du Toyger, aux rayures rappellant celles d’un tigre. Le dessin du patron est de la couleur de base du chat, tandis que le fond devient argenté. Un bon contraste entre les deux est recherché (ce qui pourrait expliquer le fait que le black soit plus courant que les autres couleurs en silver tabby), avec un fond bien clair, bien argenté. 

Sherakan Silver Pharaoh, mâle Bengal black silver sparbled tabby appartenant à Anthony Pignoly

L’impact de l’inhibition est amplifié par rapport à un smoke, un poil agouti comptant deux bandes de phaeomélanine.

Compte tenu de la configuration génétique d’un silver tabby, il nous faut garder en mémoire les modes de transmission des allèles I et A afin de déterminer avec justesse les possibilités qu’offrent différents mariages. Nous avons donc (en supposant que tous les parents tabby sont porteurs de non agouti et que chaque partenaire smoke/silver porte le non argent) :

  • smoke x solide non argent = smoke et non smoke
  • smoke x tabby = non argent avec et sans tabby, du smoke et du silver
  • smoke x smoke = smoke et non smoke, aucun tabby (et donc pas de silver)
  • smoke x silver tabby = non argent en agouti et en solide, du smoke et du silver tabby
  • silver tabby x tabby = du non argent en tabby, du silver tabby, mais aussi du smoke et du non argent sans tabby
  • silver tabby x silver tabby = idem que pour précédemment, avec une plus grande probabilité d’argent

Si ne serait-ce qu’un parent est un tabby homozygote, on ne pourra avoir que du tabby ou du silver tabby, de même qu’il n’y aura aucun chaton non argent en cas d’homozygotie sur I.

Saltimbanco’s Billy The Kid, mâle Selkirk Rex Longhair cinnamon silver blotched tabby né chez Jürgen Konzelmann

L’intensité de l’argent fait l’objet d’une grande variation, y compris au sein d’une même couleur de base. On trouve tout aussi bien des smoke faiblement marqués, pouvant être confondus avec une couleur unie pour un œil non averti, que des smoke bien fumés ne laissant planer aucun doute et qui sont préférés pour le travail de cette variété. Par ailleurs, on recherche une robe ne montrant aucun marquage tabby

distinct, seul un fantôme étant toléré. Quant au silver tabby, pour lequel un fond froid est souhaité, le rufus ou « tarnishing » (se manifestant par des traces fauves) est indésirable.

Neo Devinore, mâle British Shorthair lilac silver spotted tabby né chez Anastacia Vedysheva

La qualité de l’argent dépend de la teinte de la phaeomélanine à inhiber (jaune à orange, ce que contrôlent les polygènes du rufisme, également responsables des variations de teinte chez les non argent, comme le fait qu’il existe des brown tabby grisonnants, ou au contraire chauds en couleur), de la longueur de la bande phaeomélanique ainsi que du degré d’inhibition fourni par I (inhibition intense rendant la bande blanche, ou au contraire peu efficace, laissant des traces jaunes). L’ensemble de ces caractéristiques pourrait être influencés par des polygènes. D’autre part, le mariage entre deux chats argent favoriserait l’obtention d’une bonne qualité d’argent.

Greta Of British Harmony, femelle British Shorthair black silver shaded appartenant à Catherine Bacoyannis

L’allèle dominant noté Wb du gène Wb (version récessive wb ne modifiant pas la robe) provoque un allongement notable des bandes de phaeomélanine, ce qui repousse l’eumélanine/pigment orange au bout du poil, interagissant avec I pour donner les robes silver shaded et chinchilla (à ne pas confondre avec les variations de longueur de bandes citées ci-dessus, d’ordre polygénique). Son action est cependant masquée chez un chat non agouti, qui peut donc cacher Wb s’il présente une ascendance shaded ou chinchilla, et donner naissance à des chatons de ces robes.

Cela implique également que deux tabby ne pourront pas avoir des petits shaded ou chinchilla si au moins un d’eux ne l’est pas, puisque Wb se manifeste obligatoirement lorsqu’accompagné de tabby.

Wb entre également en jeu dans l’obtention de la robe golden shaded, qui est cependant obligatoirement non argent.

 

D’un point de vue génétique, la différence entre shaded et chinchilla semble davantage dépendante de polygènes que d’un gène majeur. Le shaded a l’apparence générale d’un chat « blanc » saupoudré de la couleur de base sur la tête, le dos et le dessus de la queue, de façon plus ou moins marquée selon les sujets, avec des « semelles » sous les pattes et des reflets argentés. Le nez est maquillé, comme chez tout chat agouti. Les black ont les yeux cerclés de noir. Le tipping, ou pointe colorée, occupe, généralement, entre 1/4 et 1/8 du poil chez le shaded, contre 1/8 pour le chinchilla, d’où un

« saupoudrage » moins intense et la disparition des semelles. La distinction entre les deux types de coloration n’a pas toujours été faite, et il s’avère parfois difficile de trancher quant à la nature shaded ou chinchilla d’un chat en dépit du fameux critère des semelles.

Les chats tipped non argent (golden) dont la coloration est limitée à 1/8 du poil sont dits « shell » : le golden shell est donc L’équivalent du chinchilla. Les individus red ou crème silver shaded aux yeux jaunes/cuivre sont, quant à eux, appelés cameo. Les silver shaded ou chinchilla (ainsi que les golden shaded et shell) sont principalement travaillés avec des yeux verts, bien qu’il n’existe pas de lien génétique entre la couleur de robe et celle des yeux, ce qui rend possible l’obtention d’un shaded aux yeux or à cuivre.

Tritridam’s Caline, femelle British Shorthair black chinchilla appartenant à Anne Cardinal

Le shaded et le chinchilla sont également susceptibles de montrer du rufus. Concernant le chinchilla, un mariage occasionnel avec un shaded permettrait de garder un minimum de pigmentation. En revanche, bien qu’étant agouties, les deux variétés ne doivent montrer, dans l’idéal, aucun dessin tabby apparent, si bien que le type de tabby devient indiscernable. Chez le chaton, les marques du patron agouti peuvent mettre quelques mois à s’estomper, mais elles constituent un défaut chez l’adulte. Ceci étant, un mariage entre un chat shaded/chinchilla et un partenaire ne possédant pas Wb présente un risque accru de marques fantômes chez les petits, notamment au niveau des pattes.

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