La metrite

La métrite et le pyomètre en élevage félin : fatalité ou non ????

Métrite signifie inflammation de l’utérus (de ite = inflammation et metra = utérus/matrice). 

Pyomètre signifie infection de l’utérus (de pyo = pus et metra = utérus).

La métrite et le pyomètre sont surtout bien connus (et du coup mieux pris en compte d’un point de vue traitement) des vétérinaires du côté de nos amis les chiens !

Du côté du chat, ils se penchent un peu moins sur la question !

Faisons déjà connaissance avec ces infections, et commençons par la métrite :

La métrite

La métrite est une infection de l’utérus d’origine bactérienne (infectieuse).

Il existe deux formes de métrites, l’aigüe et la chronique…

La métrite aigüe :

Elle concerne souvent les femelles ayant eu une mise bas difficile, et/ou longue, ou lorsque il y a rétention placentaire.

Les symptômes d’une métrite aigüe suite à une mise-bas sont rapidement alarmants : les pertes vaginales sont nauséabondes et/ou hémorragiques. La minette présente une hyperthermie (fièvre), un abattement extrême (avec bien souvent désintéressement total de la portée), une anorexie (pouvant évoluer en quelques jours vers le décès), et la palpation de l’abdomen est douloureuse.

Un traitement antibiotique général sous surveillance vétérinaire doit être mis en place très rapidement.

La métrite chronique :

Elle peut suivre une métrite aiguë imparfaitement guérie ou bien survenir progressivement lorsqu’existe une infection apparente de l’utérus. Les symptômes de la métrite chronique consistent essentiellement en un écoulement sanieux permanent ; les troubles généraux sont inexistants au début, mais à la longue on verra apparaître des troubles de l’appétit, un amaigrissement progressif et des vomissements.

C’est une affection insidieuse qui peut durer des années, elle doit être soignée dès son diagnostic de manière énergique car elle peut aboutir à un pyomètre…

Voyons donc, maintenant, plus en détail le pyomètre :

Le pyomètre

Trop souvent les gens confondent le pyomètre avec la métrite, mais l’origine de cette maladie est complètement différente. Le pyomètre est en effet causé par une «hyperplasie glandulokystique», c’est-à-dire un développement important des glandes de l’utérus.

C’est donc une affection touchant l’utérus ayant pour origine un dérèglement hormonal (des hormones sexuelles), déclenché par une stimulation prolongée de l’utérus par la progestérone (souvent dans les deux mois suivant les dernières chaleurs)…

Le dérèglement hormonal aboutit à une production trop importante de mucosités et de sécrétions par les glandes de la paroi utérine (accumulation de pus dans l’utérus). Le col utérin étant fermé, les sécrétions s’accumulent dans l’utérus.

Celui-ci se dilate alors de façon exagérée. Une infection bactérienne secondaire du contenu utérin vient souvent compliquer le tableau clinique, et l’on peut constater une distension de l’abdomen (faisant parfois croire que la chatte est gestante) !

La cause précise du dérèglement hormonal n’est pas connue. Toutefois, certains pyomètres ont pour origine l’utilisation abusive ou inadaptée de traitements hormonaux (pour les avortements, l’interruption ou la prévention des chaleurs, comme des pilules contraceptives) ou bien concerne des minettes prenant de l’âge. Des cycles de chaleurs trop fréquents ou irréguliers sont aussi des facteurs de risque de cette affection, ou bien une mise-bas difficile…

Il existe deux formes principales de pyomètre :

— Le pyomètre à col fermé : les sécrétions s’accumulent dans l’utérus. Mais aucune perte vulvaire n’est décelable. On note en revanche une distension abdominale.

— Le pyomètre à col ouvert : la pression exercée par les sécrétions fait ouvrir le col utérin. On observe alors des écoulements vulvaires muco-purulents, avec parfois du sang.

Les symptômes

Ils sont souvent peu spécifiques (mis à part les éventuels écoulements vulvaires). La chatte est, en effet, abattue et anorexique. Il arrive aussi que la chatte se mette à boire et à uriner en quantité très importante. On parle alors de polyuro-polydipsie. Enfin, de l’hyperthermie (fièvre) est parfois présente. 

Les symptômes généraux sont plus importants en cas de pyomètre à col fermé. La chatte est totalement prostrée, peut vomir ou être déshydratée. Cela aboutit parfois progressivement à un état de choc voire au coma.

Le pyomètre doit être suspecté chez toute chatte non stérilisée qui présente un abattement soudain, de l’anorexie et/ou une polyuro-polydipsie dans les deux mois qui suivent ses chaleurs.

Le diagnostic est assez facile à réaliser si des pertes vulvaires sont présentes. En revanche, lorsque le pyomètre est à col
fermé, il est plus difficile à mettre en évidence.

Il faut alors effectuer des radiographies de l’abdomen ou une échographie abdominale. Ces deux techniques d’imagerie révèlent, en effet, une dilatation utérine anormale et la présence d’un contenu liquidien dans l’utérus.
Des examens sanguins sont parfois réalisés. La numération-formule montre souvent une augmentation du nombre de globules blancs (et plus particulièrement des polynucléaires neutrophiles). Les examens biochimiques révèlent parfois une augmentation du taux de l’urée et de la créatinine sanguine, en cas de déshydratation et d’atteinte rénale concomitante.

Le traitement

Le pyomètre est une affection grave qu’il faut traiter rapidement.

Le traitement le plus couramment effectué et le plus efficace est d’ordre chirurgical. Il consiste en une ovario-hystérectomie, c’est-à-dire que l’on retire les deux ovaires et l’utérus dans sa totalité. Les chattes sont souvent perfusées

durant et après l’intervention, notamment pour lutter contre la déshydratation. Une antibiothérapie par voie générale complète généralement le traitement.

Le traitement chirurgical est le plus efficace car il permet une guérison totale et rapide. De plus, cela évite la survenue de récidives aux chaleurs suivantes.

Et c’est malheureusement cette solution que préfèrent nos vétérinaires, peu habitués pour la plus part à travailler avec une clientèle d’éleveurs et leurs chattes de reproduction…

Mais un pyomètre à col fermé (ou ouvert) n’est pas une fatalité qui aboutit forcément à l’intervention chirurgicale et à la stérilisation…

Il existe en effet des traitements médicaux pour traiter le pyomètre.

Mais, ceux-ci ont des chances d’être moins concluants que la chirurgie, et le risque d’apparition de récidives aux chaleurs suivantes pouvant être assez important, les vétérinaires préfèrent donc la stérilisation !

Précisons que si les traitements médicaux sont plus onéreux que la chirurgie pour le chat (et moins onéreux pour le chien), ces traitements permettent toutefois de traiter le pyomètre et aboutissent souvent (environ dans 60% des cas) à une rémission totale et à la possibilité de gestation future.

La grande différence entre les deux traitements est qu’avec la chirurgie, on s’assure qu’il n’y aura plus de récidive (car ablation de l’utérus) tandis que dans le traitement médical, le risque de récidive est tout de même présent.

Les traitements médicaux seront donc réservés aux chattes dont l’état général est trop atteint et qui ne pourront donc pas subir une intervention chirurgicale.

Ils seront aussi très utiles aux éleveurs qui ne souhaitent pas perdre le capital reproducteur d’une superbe minette !

Les traitements médicaux consistent à provoquer une dilatation du col utérin puis des contractions des parois utérines, pour faire expulser les sécrétions (à l’aide de prostaglandines en injection). On y adjoint aussi un traitement antibiotique (à spectre le plus large possible, et l’utilisation des antibiotiques à base de fluoroquinolones sont conseillés).

Cela consiste en un véritable protocole qui vise à mettre tous les atouts de guérison possibles entre nos mains. Les protocoles divergent d’un pays à l’autre et d’un spécialiste à l’autre, mais dans l’ensemble, on retrouve les mêmes thérapeutiques.

Plusieurs actions sont à mettre en place. D’abord, il faut évaluer l’évolution et le stade de la maladie. Ensuite, lorsque la décision de traitement médical est prise, le praticien administre parallèlement un traitement antibiotique (ou parfois un bi-antibio-thérapie, les avis divergent) et de l’alizine (anti-progestatif), avec ou non des injections de prostaglandines. Ces dernières induisent des contractions utérines et favorisent la dilatation du col pour permettre l’évacuation du pus.

De même, et afin de mettre au repos total l’utérus de la femelle, il est conseillé dans certains protocoles de l’éloigner du mâle. En effet, si la femelle ovule, elle produira de la progestérone et risquera ainsi de réactiver la maladie.

Le traitement médical est assez long (environ deux mois), car la chatte reçoit des injections d’alizine de manière régulière
(C1 (pour cycle 1) à J1 (jour 1 = début du protocole) J7 J14 J21 J28, puis C2 à J1 J7, parfois plus.). Évidemment, un contrôle échographique hebdomadaire dans les premiers temps du protocole, puis bimensuel par la suite, jusqu’à la fin du traitement est nécessaire pour juger de la bonne évolution et de la disparition du pus de la cavité utérine.

Dans certains cas le traitement sera inefficace (en sachant qu’il est plus efficace sur la chatte que sur la chienne), et la chirurgie s’imposera. Dans d’autres cas, il y aura récidive, mais une nouvelle fois le traitement médical sera envisageable et permettra à la chatte de reproduire à nouveau. Cependant, dans de nombreux cas, ce traitement fonctionne.

Il nous permet ainsi, éleveurs que nous sommes, de préserver le capital de reproduction de nos minettes, et de pouvoir les voir gestantes par la suite. Une « remise » à la saillie est possible environ 6 mois après (un cycle de chaleurs passé ou deux), et les gestations post-pyomètre ne sont pas rares.

Malheureusement, ce traitement est assez souvent méconnu des vétérinaires non spécialisés ou non éleveurs, et la chirurgie reste ancrée comme seule alternative. Ainsi, si vous êtes confrontés à ce problème, il convient de demander la possibilité de suivre ce traitement si vous souhaitez conserver votre minette comme reproductrice, ou si celle-ci est trop atteinte pour subir une chirurgie …

Mais attention, tout dépend de l’évolution de la maladie et de l’état général de la chatte !!!

Pas question en effet de risquer de perdre la minette dont l’état général se dégraderait en s’obstinant à ne pas vouloir la chirurgie !

 

Article coécrit par Steinbach-Colas Laëtitia (chatteries des Bords de l’Incaougji et du Drag’Or Brisingr), et Lannes Claire (chatterie Bengal Addiction).

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